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Coronavirus : qui sont ceux qui s’opposent aux mesures sanitaires ? Que veulent-ils ?

Source: RTBF.be
Jean-François Noulet

Les qualifier simplement « d’anti-masques » est réducteur. Dans plusieurs pays d’Europe, des mouvements de contestation des mesures sanitaires prises pour enrayer l’épidémie de coronavirus sont apparus. Ils ont parfois donné lieu à des manifestations, comme en Allemagne. En Belgique aussi, différents groupes sur les réseaux sociaux, différentes associations s’expriment contre les mesures prises par le gouvernement.

Une des cibles : le virologue Marc Van Ranst

L’une de ces associations, « Viruswaanzin », ce qui veut dire « folie virale » en néerlandais, est à l’initiative d’une manifestation. Elle appelle ses sympathisants à venir à Bruxelles dimanche pour réclamer la démission du virologue Marc Van Ranst. « Il est le Premier ministre de notre Belgique. C’est lui qui décide. S’il donne son avis, avec les autres membres de Celeval, l’Etat doit suivre. On a donné le pouvoir de notre démocratie à ce monsieur-là. Il y en a d’autres mais c’est lui qui est le symbole pour les autres », explique l’avocat Michael Verstraeten, Conseil de l’association « Viruswaanzin ».

Sur son site, « Viruswaanzin » appelle ses sympathisants à se déplacer à Bruxelles dimanche. L’idée est de poster une demande de démission du virologue dans une boîte aux lettres de la Tour des Finances. L’association s’est concertée avec les autorités communales bruxelloises pour respecter les règles de rassemblement. Il ne peut y avoir plus de 160 personnes présentes en même temps. Les manifestants se présenteront, chacun leur tour et répartis au cours de l’après-midi, dans un ordre quasi alphabétique, en fonction de la première lettre de leur nom. Ils sont invités ensuite à partir et se promener dans la ville sans se rassembler.

Des mesures sanitaires légalement disproportionnées ?

Viruswaanzin justifie cet appel à manifester en estimant que les mesures sanitaires, telles qu’elles se poursuivent aujourd’hui, sont disproportionnées. Me Michael Verstraeten avance un argument légal, basé sur la Convention européenne des droits de l’homme : « Il faut qu’il y ait une proportionnalité entre les mesures prises et le danger qu’on veut éviter. La question est quel est le danger ? Les morts ? On n’a presque plus de morts. Le fait que les services de soins intensifs seront débordés ? Ce n’est pas le cas actuellement. Veut-on éviter pour toute notre vie que des gens soient malades ? C’est difficile d’éviter cela. Alors, quel est le but en ce moment ? Que veut-on ? Doit-on se dire qu’un jour on aura plus d’infections, plus de morts et que si l’on veut éviter cela, on doit limiter les libertés des gens. Va-t-on accepter ça toute notre vie ? », se demande Me Michael Verstraeten de Viruswaanzin. « On sent que beaucoup de gens veulent s’exprimer et dire qu’ils ne sont pas d’accord avec les mesures prises », explique-t-il.

Des mesures sanitaires disproportionnées aussi du point de vue scientifique ?

« Ces mesures causent des morts. On ne meurt pas à cause du Covid mais à cause des mesures, explique Me Michael Verstraeten. Et il poursuit : « Il y a des morts parce que des gens ont peur de cette maladie et n’osent plus aller se soigner. Au début, on a bloqué des soins qui n’étaient pas des Covid. Des gens n’ont pas reçu de soins parce qu’ils n’ont pas reçu de rendez-vous et sont décédés. Dans les maisons de repos, des gens sont décédés parce qu’ils n’ont pas reçu les soins nécessaires. Dans les maisons de repos, des gens sont décédés plus vite parce qu’ils étaient seuls ».

Dès lors, Me Michael Verstraeten et l’association Viruswaanzin se demandent où mettre le curseur sur la balance, entre les morts provoquées par le Covid-19 et les morts consécutives aux mesures prises par les autorités.

Une théorie du complot ?

En juin dernier, Viruswaanzin voyait derrière certains scientifiques, dont Marc Van Ranst, et derrière certaines mesures, l’ombre de Bill Gates, engagé dans la promotion de la vaccination. Faut-il voir un complot derrière ces mesures ? Me Michael Verstraeten, Viruswaanzin se défend d’être complotiste.

« Dites-moi de quel complot ou conspiration parle-t-on ? Est-ce que ça concerne le fait que nous disons que Bill Gates paye Van Ranst ? La seule chose qu’on dit, c’est que Van Ranst est payé par Bill Gates qui est lié à l’industrie de la vaccination. Il y a le Rega Institute (ndlr KUL Leuven) qui a été financé par Bill Gates pour faire des essais sur 15.000 molécules et voir si ces molécules ont un effet sur le Covid », explique Me Verstraeten.

Cité par nos confrères de La Libre, Marc Van Ranst avait réagi : « C’est pitoyable. Mais cela se retrouve dans toutes les crises. Pour le vaccin, pour la 5G… à un moment apparaît toujours la thèse du complot », avait répondu le virologue.

Depuis mars, une gradation dans les critiques envers les mesures sanitaires

Depuis l’arrivée de la pandémie du Covid-19 en Belgique, les critiques envers les mesures sanitaires prises par les autorités ont connu une sorte de gradation, comme l’estime le docteur en Sciences politiques et chercheur au Crisp, Benjamin Biard. Il s’est penché sur les différentes formes d’expression de cette contestation en Europe au cours des derniers mois pour en dresser un tableau. 

La logique du confinement, le port du masque, la mise en cause de la légalité des décisions politiques, tout cela a pu être observé dans différents pays touchés par la pandémie. Que ce soit en Epagne, en Italie ou en Allemagne, où une assez importante manifestation « anti-masque » a d’ailleurs été organisée le 1er août pour contester les mesures contraignantes prises par les autorités allemandes pour enrayer le Covid-19.

En Belgique, comme dans ces pays, tout a commencé par des prises d’opinion individuelles, des cartes blanches, par exemple, publiées par des experts, des médecins, des citoyens engagés. « Rapidement, via des cartes blanches, la question des experts était posée. Quelle est la légitimité des experts pour conseiller le gouvernement ? Comment le gouvernement tient-il compte ou non des avis formulés par les experts ? Quelle est leur légitimité ? Quelle place est encore accordée au citoyen dans le processus décisionnel ? », explique Benjamin Biard, du Crisp.

Ces cartes blanches et ces avis émis par des individus plus ou moins influents nourrissent ensuite des mouvements plus vastes. « Ces cartes blanches qui déjà questionnaient le rôle et la place des experts dans les processus décisionnels, celles qui demandent plus d’implication des citoyens ont nourri la réflexion, pas nécessairement au sein des mêmes catégories d’acteurs, en disant d’aller plus loin et de remettre en cause les décisions adoptées, à manifester clairement et publiquement la réprobation des mesures adoptées, même si c’est encore assez faible », continue Benjamin Biard, du Crisp.

Qui sont les gens derrière ces mouvements de contestation des mesures sanitaires ?

Derrière ces mouvements qui s’opposent aux mesures prises par les autorités pour contrer le Covid-19, on ne retrouve pas forcément les mêmes personnes que celles qui s’exprimaient, par cartes blanches, au début de la pandémie.  » Si l’on prend l’exemple de la manifestation prévue dimanche, on a un groupe qui s’est développé à partir des réseaux sociaux principalement et qui vise à réunir un grand ensemble de citoyens. Ce n’est pas une initiative qui vient ou émane d’une organisation structurée, un syndicat, un parti politique ou toute autre organisation, qu’elle soit de gauche, de droite, d’extrême gauche ou d’extrême droite « , explique Benjamin Biard qui voit dans la manifestation prévue dimanche une démarche essentiellement citoyenne.

En revanche, si aucun mouvement structuré n’est à l’origine de la contestation, la tentation est là pour d’autres de récupérer l’initiative. « Il pourrait y avoir une tentative d’instrumentaliser ce type de démarche, notamment par l’extrême droite. On a vu, d’ailleurs, que cela avait été le cas, déjà à Anvers, dans une moindre mesure, au mois de mai dernier. Une manifestation avait eu lieu pour remettre en cause les mesures. On l’a vu également en Espagne, en Italie, en Allemagne plus clairement », explique Benjamin Biard.

Du côté de Viruswaansin, on se défend de tout lien avec l’extrémisme. A propos de son mouvement, Me Michael Verstraeten explique : « On a beaucoup de gens. Je ne sais pas dire qui vient de droite ou de gauche. Le plus grand nombre sont des gens de centre gauche. On ne demande pas aux gens, mais je ne connais personne d’extrême droite », explique l’avocat.

En Wallonie aussi, de la contestation envers les mesures Covid

Au sud du pays, des voix se font aussi entendre pour remettre en cause la légitimité des mesures prises par les autorités du pays. Sur Facebook, un groupe « Masques et Antimasques » compte plus de 3000 membres à ce jour. Dans son descriptif, il explique pourquoi il s’oppose à ces mesures : « Sans consensus scientifique, sans élection ni commission d’enquête parlementaire, nous sommes contre la mesure arbitraire, infantilisante voire fasciste que constitue le port du masque », peut-on y lireCependant, même s’il trouve les consignes du Conseil national de sécurité « stupides », il invite ses membres à s’y conformer. Il ne préconise d’ailleurs pas de participer à la manifestation organisée dimanche par Viruswaansin.

De manière générale, en Belgique, la contestation par ces mouvements reste assez marginale, constate Benjamin Biard. « Il n’y a pas encore eu de manifestations de grande ampleur visant à remettre en cause les mesures prises par le ou les gouvernement(s) en Belgique, telle que ça a déjà eu lieu en Espagne, où très tôt on avait eu une manifestation motorisée dans les rues de Madrid. On n’en est pas là en Belgique. On est encore dans une mobilisation très faible, en tout cas en termes de mobilisation physique, visant à remettre en cause la légitimité des décideurs et des décisions », explique Benjamin Biard.

« Il y a, par contre, une mobilisation, pas nécessairement physique, à travers des cartes blanches, à travers l’organisation de certaines enquêtes, à travers des groupes de discussion sur les réseaux sociaux, à travers le détournement de vidéos de Sophie Wilmès », poursuit-il. « Autant de moyens d’expression de la société civile qui ne visent pas nécessairement à remettre en cause la légitimité des décideurs publics mais qui visent plutôt à porter des revendications auprès de ces décideurs pour qu’ils prennent des décisions dans un sens plutôt qu’un autre », conclut Benjamin Biard. De quoi peut-être amener certains de ces acteurs de la société civile à tenter de peser, si possible, sur les partis de la future coalition gouvernementale.

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