AccueilOuvragesExtraits "Nutrithérapie" de J-P. Curtay La grenade dans les traditions médicinales (part.2)

[Nutrithérapie] La grenade dans les traditions médicinales (part.2)

Cet article fait suite à la première partie « La grenade dans les traditions médicinales ».

Propriétés antioxydantes

Les usures de nos tissus qui apparaissent avec le vieillissement et les pathologies dites « dégénératives » dont la fréquence augmente avec l’âge : baisse de l’audition (« presbyacousie »), cécité due chez la personne âgée à la DMLA (« dégénérescence maculaire »), arthrose, athérosclérose, cancers et maladies de Parkinson et d’Alzheimer s’expliquent aujourd’hui par l’accumulation de dommages causés par les déchets oxydatifs. Lorsque nous brûlons les calories, lorsque nous sommes exposés à des polluants, lorsque nous sommes infectés et que les globules s’activent, des radicaux libres, molécules instables et des molécules oxydantes corrosives sont libérés et altèrent l’intégrité de nos organes, de nos cellules, de toute molécule qui les composent : protéines, ADN des gènes, acides gras des membranes…

Les radicaux libres sont des molécules qui possèdent un ou plusieurs électrons non appariés (libres). Ces molécules déséquilibrées peuvent, soit arracher un électron à toute autre molécule rencontrée, soit se débarrasser de son électron célibataire sur cette molécule. Dans les deux cas elle est altérée et une fois altérée, capable d’altérer une autre molécule rencontrée. Ceci suscite une réaction en chaîne, au cours de laquelle toujours davantage de structures organiques sont endommagées. Les radicaux libres et autres molécules oxydantes sont engendrés à chaque seconde lorsque l’on brûle les sucres et les graisses afin de produire de l’énergie, mais aussi par la plupart des polluants auxquels nous sommes exposés dans l’air, l’eau, les aliments, les vêtements, les cosmétiques, les logements, les moyens de transport, les lieux de travail, l’excès de soleil… Le stress et la dépression, les infections, les allergies, l’inflammation, le surpoids et nombre d’autres facteurs augmentent la quantité des espèces corrosives produites. Nous sommes quotidiennement « supplémentés » par des charges toxiques extérieures qui s’ajoutent à l’« irradiation » intérieure des radicaux libres ionisants (c’est-à-dire capables d’arracher des électrons comme les rayonnements radioactifs) de la combustion dans les mitochondries, nos centrales énergétiques.

Pour se défendre, outre manger moins, comme les populations qui vivent le plus longtemps en bonne santé au monde (Okinawa, Sardaigne, Crète) [117], éviter les surcharges en fer, pro-oxydant, ne pas fumer, éviter les excès de soleil, assainir son environnement, donner les moyens énergétiques et nutritionnels à l’organisme pour optimiser ses défenses antioxydantes, la pratique d’une activité physique régulière, la gestion du stress, il est clair qu’il est souhaitable de renforcer ses défenses par des produits protecteurs. Le thé vert, le vin rouge à dose modérée, le chocolat noir, le soja, la plupart des fruits et légumes, et en particulier certains particulièrement riches en antioxydants, comme la grenade ont été détectés comme les plus efficaces dans ce rôle. Leur consommation quotidienne en synergie avec des compléments lorsqu’il n’est techniquement pas possible d’obtenir les doses suffisantes même avec des aliments ou des boissons, ce qui est le cas, par exemple de la vitamine E, apparaît comme une contribution substantielle au ralentissement des phénomènes liés au vieillissement et à la diminution des risques de pathologies dégénératives.

Si les jus simples de myrtille ou de grenade ont révélé des capacités antioxydantes parmi les plus élevées de tous les aliments connus, la déclinaison sèche, en gélules, le Granaprosan obtenu par lyophilisation de l’Élixir de grenade, obtenu lui-même par pression à basse température de grenades matures cultivées sans pesticides et enrichi par un totum fermenté de la plante, présente un pouvoir antioxydant considérablement plus élevé.

Le pouvoir antioxydant d’un aliment peut être mesuré à l’aide du test TEAC (Trolox Equivalent Antioxydative Capacity). Le Trolox, dérivé de la vita-mine E, servant de référence pour la mesure, le résultat est indiqué en TEAC. Pour la comparaison d’échantillons contenant des polyphénols, on détermine donc le TEAC.

Le Granaprosan est la version lyophilisée, en gélule, de l’Élixir de grenade obtenu à partir de la pulpe concentrée sous vide et à basse température pour préserver ses propriétés puis enrichi du condensé fermenté du fruit entier, de l’écorce, des feuilles et des fleurs. La mesure du TEAC affiche une puissance antioxydative 21 fois supérieure aux jus de grenade et 50 fois supérieure au vin rouge de qualité, ou encore 70 fois supérieure à l’infusion de thé vert [33].

Grâce au procédé de fabrication par réduction sous vide puis fermentation, 2 gélules de Granaprosan offrent la teneur antioxydante de plus de 200 ml de jus de grenade. Sa teneur en phénols de la pulpe de fruits (environ 26.000 mg/l) correspond à celle de plus de 100 ml de jus de grenade [33].

Après une cure d’une semaine d’une consommation quotidenne de 2 gélules de Granaprosan obtenues à partir de concentré de jus de grenade, le statut antioxydant total (SAT), représentatif des capacités de défenses contre les corrosions moléculaires, cellulaires et tissulaires, s’est amélioré de 9 % [8]. Après une consommation régulière pendant un an de la même quantité hebdomadaire de Granaprosan (2 gél./jour), le SAT a augmenté de 130 % [9].

Selon une étude chez l’animal de 2005 de Loren et al. [68], l’incidence de lésions cérébrales chez le nouveau-né par manque d’oxygène pendant l’accouchement a été réduite de 60 % par le jus de grenade simple. Des lésions cérébrales dues au manque d’oxygène, se rencontrent fréquemment chez les nouveaux-nés, étant données les compressions prolongées du crâne pendant la descente dans les voies naturelles, avec l’âge, l’apnée du sommeil, l’épilepsie, les accidents ischémiques transitoires, les accidents vasculaires cérébraux…

On a aussi constaté une forte activité hépatoprotectrice du simple jus de grenade dans des foies exposés à l’oxydant nitrilotriacétate de fer [50]. Une autre étude a montré qu’il réduit les dommages engendrés par l’acide acétyl-salicylique (aspirine) sur la muqueuse gastrique [7].

Augmentation du NO° et du glutathion

La consommation régulière d’extrait de grenade comme le Granaprosan élève sensiblement la concentration de L-glutathion réduit, un des plus importants détoxifiants de nos cellules, qui a aussi à la fois des propriétés antioxydantes et d’activation de nombre de fonctions essentielles, celles des lymphocytes responsables de nos défenses anti-infectieuses. L’extrait sec de grenade, comme le Granaprosan, protège et augmente la durée de vie du NO°, l’oxyde nitrique, le responsable principal de l’élargissement des vaisseaux (vasodilatation). Or, la vasodilation est fondamentale dans l’optimisation de la livraison dans tout tissu de l’oxygène, du glucose et des autres nutriments. La trinitrine utilisée dans l’angine de poitrine pour dilater les artères coronaires et le Viagra® utilisé pour favoriser l’érection pénienne sont tous deux des « donneurs de NO° ». Le NO° est aussi important dans la maîtrise de l’hypertension artérielle. Les essais cliniques sur des sujets humains ont amené à constater que l’extrait sec de grenade, comme le Granaprosan, permet une augmentation et du glutathion réduit dans les globules blancs et du NO° dans les vais-seaux. Un niveau élevé de glutathion réduit sanguin ou intra-cellulaire est un excellent marqueur des capacités de protection antioxydantes, antitoxiques et anti-infectieuses d’un sujet. La capacité de produire du NO° est à la fois un marqueur de bonne santé endothéliale (de la paroi vasculaire), de capacité de résistance cardiovasculaire à des stress divers, de la fonction érectile et de réduction du risque d’hypertension.

Ces effets pourraient s’expliquer autant par une action positive sur la régulation du fonctionnement des gènes que par les propriétés antioxydantes des polyphénols du jus de grenade.

Une étude norvégienne de Moskaug et al., a démontré en 2005 que certains polyphénols sont en mesure de stimuler la transcription des gènes, par exemple la gamma-glutamylcystéine-synthase essentielle à la synthèse du L-glutathion et d’accroître nettement la concentration intracellulaire de L-glutathion réduit.

Neuroprotection

L’effet particulièrement protecteur des polyphénols de fruits et de légumes a pu être démontré dans une étude clinique couvrant une période importante (de 1992 à 2001) regroupant un échantillon de 1838 participants. Le groupe qui buvait au moins trois fois par semaine des jus de fruits et de légumes riches en polyphénols, présentait un risque inférieur de 75 % de déclarer une pathologie dégénérative type Alzheimer, en regard du groupe qui en consommait moins d’une fois par semaine. La consommation de vitamines E, C et de bêta-carotène ainsi que de thé n’a pas démontré d’influence significative [37].

Selon les connaissances médicales actuelles, la maladie d’Alzheimer et de Parkinson peuvent avoir des formes où les prédispositions génétiques jouent un rôle, mais dans tous les cas, on retrouve un facteur oxydatif fondamental, tout comme des processus inflammatoires déclenchés par les signaux NFkappa-B et TNF-alpha. Une étude de Hartman [37] a montré la capacité du jus de grenade ou de son extrait sec, le Granaprosan, de réduire de moitié le dépôt de la protéine bêta-amyloïde caractéristique de la maladie d’Alzheimer.

Les capacités antioxydantes, anti-inflammatoires et détoxifiantes des polyphénols de la grenade peuvent donc contribuer à ralentir le vieillissement cérébral, dans certains cas de le rajeunir, comme cela a été montré par Joseph avec le jus de myrtille chez les rats, mais aussi d’agir sur la composante vasculaire des pathologies dégénératives du système nerveux central. En effet, l’hypertension et l’altération des vaisseaux essentiels à l’oxygénation et à la nutrition du cerveau sont un facteur conjugué important. Françoise Forette a montré que le traitement de l’hypertension réduit de moitié le risque de maladie d’Alzheimer.

Et de nouveau, les effets neuroprotecteurs du jus de grenade ou de son extrait lyophilisé, le Granaprosan, s’expliquent aussi probablement par une action favorable sur les voies de signalisation cellulaires, les systèmes enzymatiques ainsi que sur l’épigénome régulateur de l’expression des gènes.

On a découvert que les principes actifs présents dans le jus de grenade inhibent la production et formation de TNF-alpha, une cytokine pro-inflammatoire, dans les cellules gliales, voisines des neurones.

Le jus de grenade et son condensé fermenté, en jus ou en gélules, le Granaprosan, apparaissent, avec l’évitement du tabac, l’assainissement de l’envi-ronnement, la maîtrise des surcharges en fer, l’ingestion quotidienne de fruits, légumes, thé vert et autres sources d’antioxydants, comme des outils privilégiés pour reconstituer nos réserves d’antioxydants épuisées par les polluants, les radicaux libres que nous sécrétons en brûlant les calories, les globules activés lors d’une infection ou de maladies chroniques et pour contribuer à la réduction des risques de pathologies dégénératives.

Dans le prochain article, nous parlerons de son action anti-inflammatoire, ses effets protecteurs cardiovasculaires.

Bibliographie

  • [7] Ajaikumar KB, Asheef M, Babu BH, Padikkala J : « The inhibition of gastric mucosal injury by Punicagranatum L. (pomegranate) methanolic extract ». Journal of Ethnophar-macology. 2005 ; 96 : 171–176.
  • [8] Aviram M et al. : « Pomegranate juice consumption reduces oxidative stress, atherogenic modifications to LDL, and platelet aggregation : studies in humans and in atherosclerotic apolipoprotein Edeficient mice ». American Journal of Clinical Nutrition. 2000 ; 71 : 1062–1076.
  • [9] Aviram M. : « Pomegranate juice consumption for 3 years by patients with carotid artery stenosis reduces common carotid intimamedia thickness, blood pressure and LDL oxidation ». Clinical Nutrition. 2004 ; 23 : 423–433.
  • [33] Gil MI, Tomas-Barberan FA, HessPierce B, Holcroft DM, Kader AA : « Antioxidant activity of pomegranate juice and its relationship with phenolic composition and processing ». Jour-nal of Agricultural and Food Chemistry. 2000 ; 48 : 4581–4589.
  • [37] Hartman RE et al.: « Pomegranate juice decreases amyloid load and improves behavior in a mouse model of Alzheimer’s disease ». Neurobiol Dis. 2006 ; 24, 3 : 506–515.
  • [50] Kaur G, Jabbar Z, Athar M, Alam MS : « Punica granatum (pomegranate) flower ex-tract possesses potent antioxidant activity and abrogates Fe-NTA induced hepatotoxicity in mice ». Food and Chemical Toxicology. 2006 ; Jan 17.
  • [68] Loren DJ, Seeram NP, Schulman RN, Holtzman DM : « Maternal dietary supplementation with pomegranate juice is neuroprotective in an animal model of neonatal hypoxicischemic brain injury ». Pediatric Research. 2005 ; 57 : 858–864.
  • [117] Naghma Khan, Naghma Hadi, Farrukh Afaq, Deeba N. Syed, MeeHyang Kweon, and Hasan Mukhtar : « Pomegranate fruit extract inhibits prosurvival pathways in human A549 lung carcinoma cells and tumor growth in athymic nude mice »; Carcinogenesis 2007 28 : 163-173 ; doi :10.1093/carcin/bgl145).
Dr. Jean-Paul Curtay
Dr. Jean-Paul Curtay
Le Dr Jean-Paul Curtay a commencé à s’intéresser aux relations entre aliments, nutriments et santé à l’Université de Californie à Los Angeles, en 1980. Il est resté 7 ans aux Etats-Unis pour effectuer une première synthèse des informations dans ce domaine, puis n’a cessé de suivre les publications et congrès internationaux dans ce domaine. Il a créé la première consultation de nutrithérapie en France et enseigné à partir de 1989 ses techniques aux médecins dans une dizaine de pays européens, au Moyen-Orient, aux Etats-Unis, au Guatemala, en Guyane, aux Caraïbes, à Tahiti, en Nouvelle Calédonie et au Vietnam. Il est à l’origine de plusieurs des protocoles utilisés dans cette discipline. Il est l’auteur de La Nutrithérapie, un ouvrage de référence pour les médecins (aussi publié en italien), de L’Encyclopédie pratique des vitamines et minéraux (aussi publiée en espagnol), co-auteur avec Thierry Souccar du Nouveau guide des Vitamines préfacé par le Prix Nobel Jean Dausset, et du Programme de Longue Vie (aussi publié en bulgare) et ses communications ont été l’objet d’un très grand nombre d’articles, d’émissions de radio et de télévision. Il est membre de l’Académie des Sciences de New York et de l’équipe éditoriale du Journal of Nutritional and Environmental Medicine. En tant que Président de la Société de Médecine Nutritionnelle, il s’emploie à développer l’enseignement de la nutrithérapie auprès des médecins, à introduire l’éducation nutritionnelle dans les écoles à partir d’un projet coordonné à Bruxelles et d’amener les agriculteurs et l’industrie agro-alimentaire à évoluer vers des produits intégrant les demandes «mieux-être et santé ». Il donne des cours à l’Institut Supérieur d’Agriculture de Beauvais, une formation nutrition aux cadres d’Auchan et est consultant et « food designer » pour l’industrie agro-alimentaire.

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