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Le poisson et les acides gras oméga-3 sont-ils bons pour la santé ?

Quelle graisse est bonne pour la santé et en quelle quantité ?

Même une suralimentation en « graisses saines », comme les acides gras Oméga-3, peut avoir des effets néfastes. La plupart du temps, lors d’une description unilatéralement positive des acides gras Oméga-3 marins, on omet d’attirer l’attention sur le fait que les études ne sont pas aussi positives qu’on voudrait le faire croire. Il y est question :

  • d’une augmentation du niveau de cholestérol LDL,
  • d’une diminution des défenses immunitaires innées et acquises chez les personnes âgées,
  • d’une augmentation de la tendance aux saignements,
  • d’une possible augmentation de la mortalité due aux maladies cardio-vasculaires en cas d’utilisation à long terme, surtout en cas d’insuffisance cardiaque congestive prononcée et d’angine de poitrine chronique,
  • des niveaux sériques élevés d’EPA et DHA semblent être en corrélation avec un risque accru de cancer de la prostate.

L’EPA et la DHA, acides gras Oméga-3 polyinsaturés, sont très sensibles à l’oxydation et nécessitent une protection anti-oxydante.

Les fumeurs et les obèses souffrent de stress oxydant élevé. C’est pourquoi la perte de poids et l’arrêt du tabagisme sont très importants. Il faudrait remplacer les acides gras saturés, plus nocifs pour la santé, par des graisses comme les acides oléiques, les acides gras oméga-3, ALA, EPA et DHA de la nourriture, mais sûrement pas les consommer en plus.

Pour un poids normal et en prévention, on recommande un apport en graisse représentant 30% de l’énergie totale provenant essentiellement d’acides gras insaturés et polyinsaturés. La part d’acides gras saturés devrait être aussi faible que possible et ne pas représenter plus de 7% de l’apport d’énergie. En cas de maladies cardio-vasculaires à un stade avancé, de diabète, de syndrome métabolique, de stéatose ou de cancer de la prostate (sans cachexie), il faut essayer de limiter la prise de graisse à 10% de l’apport d’énergie. Mais, en cas de cachexie, augmenter l’apport d’acides gras oméga-3 avec des protéines de babeurre peut avoir un effet favorable.

Dans quelle mesure le poisson et les acides gras oméga-3 sont-ils bons pour la santé ?

C’est grâce à mon père, le docteur en médecine Karl Otto Jacob, et mon oncle, le professeur émérite docteur en médecine Ruthard Jacob, que je me suis occupé pour la première fois sérieusement du thème des acides gras oméga 3. Ruthard Jacob a occupé pendant 20 ans une des deux chaires de physiologie à l’université de Tübingen, la matière principale de ses recherches était la protection cardiaque par la nutrition et la phytothérapie ; très tôt, il s’est beaucoup intéressé à l’huile de lin, l’huile de poisson, l’ail, l’ail des ours, l’aubépine, les OPC (proanthocyanidine oligomère), etc. Ses recherches précliniques ont jeté une lumière très positive sur les acides gras oméga-3 végétaux et marins.

Les commentaires animés des résultats des études sur les acides gras oméga-3 marins montre une forte divergence entre ce qu’en perçoivent le public – et même les spécialistes – et la réalité. L’expérience montre que c’est toujours le cas quand il y a de grands intérêts financiers et un budget marketing derrière les produits. On ne discute pas de l’aspect problématique des acides gras oméga-3, on les présente plutôt comme une panacée. On met en avant l’importance des acides gras polyinsaturés pour le métabolisme des eicosanoïdes. Mais on connaît moins bien l’influence de l’insuline sur la formation de l’acide arachidonique ainsi que la forte sensibilité oxydative des acides gras oméga-3 et ses conséquences, que nous allons expliquer ci-dessous.

Comme les acides gras oméga-3 sont sensibles à l’oxydation, leur apport par la consommation d’aliments peu transformés est avantageux : les noix, graines de chia ou de chanvre sont meilleures que l’huile correspondante.  

Globalement, l’ALA, le DHA et l’EPA ont un effet anti-inflammatoire, hypotenseur et anti-arythmique. Le DHA et l’EPA font en outre baisser la tendance à la coagulation et peuvent avoir un effet immunosuppresseur en cas de fort dosage.

L’acide arachidonique stimule par contre les processus inflammatoires.

L’insuline est déterminante pour la régulation. Un excès d’insuline et une résistance à l’insuline déplacent l’équilibre de la synthèse des eicosanoïdes dans une direction négative. C’est aussi pour cette raison qu’il faudrait éviter les aliments insulinogènes. L’insuline est l’hormone centrale nécessaire à l’activation de la delta-5-desaturase. Cette enzyme convertit l’acide linoléique dihomo-gamma (DGLA) en acide arachidonique pro-inflammatoire (El Boustani et al., 1989 ; Arbo et al., 2011).

Si les niveaux d’insuline sont bas, la DGLA n’est pas transformée en acide arachidonique mais en prostaglandine PGE1, qui a un effet anti-inflammatoire et vasodilatateur. 

L’acide linoléique provenant des végétaux n’a pas automatiquement un effet pro-inflammatoire, cela dépend de la situation métabolique (hyper-insulinémie, résistance à l’insuline). Alors que la transformation de l’acide linoléique dépend de l’insuline, nous assimilons l’acide arachidonique pro-inflammatoire directement et en abondance via les aliments d’origine animale.

La composition en acides gras des membranes lipidiques et du tissu adipeux dépend autant de l’assimilation de la nourriture que de l’activité de l’insuline. Par exemple, les enfants en bonne santé qui présentent une résistance prépubertaire à l’insuline ont un pourcentage élevé d’acide arachidonique dans le tissu adipeux (Aldamiz-Echevarria et al., 2007).

En cas de maladies spontanées dues à des auto-anticorps, les chances de survie et la gravité de la maladie peuvent être améliorées par une alimentation enrichie en huile de poisson. Par contre, une alimentation riche en graisse et LA entraîne une aggravation de la maladie (Harbige, 2003).

En cas de fort dosage, l’EPA et le DHA ont un effet anti-inflammatoire à immunosuppressif. C’est pourquoi les acides gras oméga-3 peuvent avoir des effets positifs en cas de maladies inflammatoires, de maladies auto-immunes ou de douleurs dues à l’âge. Mais une immunosuppression signifie aussi une sensibilité accrue aux maladies et infections dans certaines conditions (Pae et al., 2012).

Pour conclure, il faut relativiser ! La représentation classique du métabolisme des eiconsanoides est une simplification. L’importance des acides gras oméga-3 est surestimée. Celle d’autres facteurs du système immunitaire et du métabolisme (effet de l’insuline) par contre est sous-estimée.

On obtient d’aussi bons résultats avec des régimes à base purement végétale qu’avec une forte prise d’acides gras oméga-3. C’est ce que montrent des études portant sur des régimes contre le rhumatisme bien que le taux sérique des EPA anti-inflammatoires diminue. Un tel changement d’alimentation réduit nettement la flore saprophyte dans l’intestin et donc les antigènes et les anticorps immunologiques. Une alimentation végétale pauvre en graisse fournit à l’organisme moins de substances de départ pour une synthèse des eicosanoïdes et a donc un effet anti-inflammatoire.


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1er extrait « Vivons-nous vraiment toujours plus longtemps ? »

2e extrait « La viande augmente le risque de diabète et de cancer »

3e extrait « Lait de vache et cancer de la prostate »

4e extrait « Avantages des protéines végétales »

5e extrait « L’huile de poisson peut être bénéfique ou nocive pour le coeur et les vaisseaux »

6e extrait « L’alimentation moderne rend dépendant »

7e extrait « Douleurs articulaires et problèmes intestinaux »

8e extrait « Mensonges et vérités à propos du cholestérol »

9e extrait « La fatigue : un problème lié au foie »

Docteur Ludwig Jacob
Docteur Ludwig Jacobhttps://drjacobs-shop.de/
Le docteur en médecine Ludwig Manfred Jacob (1971) a participé à la création du Dr. Jacobs Institut et est l’auteur de nombreux articles scientifiques au sujet de la santé comme de la 2e édition du livre allemand « Der Jacob’s Weg » paru en français sous le titre « La Nutrition Raisonnée selon le Dr Ludwig Jacob », formidable référence en nutrition, étayée par près de 1400 études scientifiques.

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