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Carence en vitamine D : 14 fois plus de risque de mortalité par la covid-19 – Université de Heidelberg, Allemagne

Des taux de vitamine D extrêmement faibles et une mortalité élevée due à la COVID-19 dans les maisons de repos 

La mortalité des résidents des maisons de retraite et des maisons de soins infirmiers due à la COVID-19 est très élevée. Cela était déjà connu, bien avant le rapport récent du BILD, qui titre « Les chiffres de la honte » (Hasse et al., 2021). Après un an de pandémie, c’est en fait inexplicable. Bien entendu, l’une des raisons principales est la vieillesse ainsi que les conditions précédentes. Cependant, une chose simple à faire est d’augmenter les niveaux de vitamine D, qui sont généralement très bas, et de suivre simplement les directives scientifiques actuelles. Des études montrent qu’environ 90% des personnes en maison de retraite ne disposent pas d’un apport optimal en vitamine D. En particulier pour les personnes souffrant d’une carence en vitamine D, la supplémentation entraîne une réduction significative des infections respiratoires.

Il est urgent d’administrer de la vitamine D dans les maisons de retraite et de soins

Le résultat de l’étude est clair et compréhensible pour tous. La prévalence de la carence en vitamine D chez les personnes âgées, en particulier dans les maisons de retraite, est très élevée (voir ci-dessous). Les bienfaits de la vitamine D sont notamment démontrés dans une méta-analyse d’études en double aveugle portant sur plus de 11 000 participants.

L’administration de vitamine D a réduit le risque de maladie respiratoire aiguë jusqu’à 70% chez les personnes dont le statut de base en vitamine D était faible (Martineau et al., 2017).

C’est pourquoi l’OMS recommande une supplémentation en vitamine D contre les infections respiratoires. La COVID-19 est une maladie respiratoire aiguë, c’est pourquoi les études précédentes sur la vitamine D et COVID-19 montrent, sans surprise, des résultats similaires.

La conséquence logique devrait être que les personnes âgées soient suffisamment approvisionnées en vitamine D. C’est également ce qu’exigent des sociétés médicales très respectées comme L’Académie nationale de médecine française (2020). Celle-ci recommande de tester le statut en vitamine D de toutes les personnes âgées de plus de 60 ans depuis mai 2020 et de prendre des compléments en vitamine D si nécessaire. L’American Geriatrics Society conseille aux personnes de 70 ans et plus de prendre quotidiennement 4000 UI de vitamine D de toutes sources pour atteindre les niveaux sanguins recommandés de ≥ 75 nmol/l 25(OH)D (AGS Workgroup on Vitamin D Supplementation for Older Adults, 2014). Ces lignes directrices claires, fondées sur des preuves, ont été ignorées pendant des années.

Il ne faut rien de moins qu’un changement de paradigme pour que la vitamine D soit comprise comme un nutriment vital qui, d’un point de vue médical, ne doit pas être refusé aux résidents des maisons de retraite et de soins. Bien que l’apport quotidien de 4000 U.I. de vitamine D soit sans doute sûr selon l’avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), une étude anglaise décrit le dilemme suivant (Williams & Williams, 2020) :

« Les suppléments de vitamine D n’étaient pas systématiquement donnés aux résidents (…). Les responsables des maisons de soins se sont sentis incapables de prendre des décisions concernant la vitamine D (…). De ce fait, la vitamine D doit être prescrite par des professionnels de la santé et peu de résidents de maisons de soins en reçoivent en supplémentation (…). L’incapacité du système à garantir le statut en vitamine D des personnes âgées dans les maisons de soins peut avoir des conséquences liées à la COVID-19 ». La forte prévalence de la carence en vitamine D prouve que ce schéma s’applique également à la plupart des maisons de retraite et de soins en France, en Belgique et en Allemagne. La vitamine D doit être prescrite par le médecin de la maison de retraite et de soins, mais cela n’arrive que très rarement dans la réalité.

Il appartient au système de soins de santé ainsi qu’aux médias d’éduquer et de réduire le fort écart entre les besoins et l’approvisionnement réel en vitamine D, surtout en période de pandémie. Tout le reste frise l’homicide par négligence, si l’on considère les effets bénéfiques importants de la vitamine D révélés dans les études.

Seuls 4% des résidents des maisons de retraite ont un taux optimal de vitamine D

Malheureusement, les nouvelles concernant le besoin en vitamine D n’ont pas atteint les maisons de retraite ni les foyers de personnes âgées que ce soit en France, en Belgique ou en Allemagne. Par conséquent, le chiffre ci-dessus (4 %) n’est pas une erreur, du moins si l’on prend comme valeur de référence la recommandation de l’American Geriatrics Society de ≥ 75 nmol/l 25(OH)D. Le RKI (Robert Koch Institute) ne recommande que des valeurs sériques de 50 nmol/l (RKI, 2019).

Dans l’ensemble, peu d’études se penchent sur l’apport en vitamine D dans les maisons de retraite et de soins français, belges et allemands. Finalement, ceux qui en ont le plus besoin sont les plus oubliés.

Dans deux maisons de retraite de Nuremberg, la concentration sérique médiane de vitamine D (25(OH)D) chez 168 résidents (âge moyen 85,5 ans) était de seulement 20,8 nmol/l (Diekmann, 2010). Des taux sanguins inférieurs à 25 nmol/l ont été relevés chez 68% des résidents, des taux inférieurs à 50 nmol/l chez 91% et des taux inférieurs à 75 nmol/l chez 96%. Après l’étude, 33 résidents ont reçu une supplémentation en vitamine D pendant plus d’un an, et 88 résidents n’ont pas reçu de supplémentation. La concentration sérique médiane de vitamine D était alors de 79,6 nmol/l avec supplémentation ou de 17,8 nmol/l sans supplémentation. Ainsi, une année supplémentaire sans supplémentation en vitamine D a encore aggravé la carence. Parmi les résidents qui n’ont pas reçu de suppléments, 39% sont morts dans l’année qui a suivi, contre seulement 20% des résidents ayant reçu des suppléments.

Une autre étude portant sur 199 patients gériatriques multi-morbides à Bonn (âge moyen 83 ans) a montré des valeurs sériques médianes de vitamine D de 27,4 nmol/l lors de l’admission dans une clinique (Saeglitz et al., 2007). Les taux sériques étaient inférieurs à 25 nmol/l chez 45% des patients et inférieurs à 50 nmol/l chez 79%. Seuls 8% avaient un taux de vitamine D supérieur à 75 nmol/l dans le sang.

La raison de la prévalence particulièrement élevée de la carence en vitamine D chez les personnes en maison de retraite et de soins est que, d’une part, la capacité de la peau à synthétiser la vitamine D diminue nettement avec l’âge et que, d’autre part, l’immobilité, plus fréquente liée à l’âge, entraîne une moindre exposition au soleil.


Étude quasi-expérimentale en maison de retraite comme preuve supplémentaire de l’effet de la vitamine D sur la COVID-19

Le rôle crucial de la vitamine D dans l’optimisation du système immunitaire et l’atténuation de la tempête de cytokines est maintenant très bien établi et a été abordé en détail dans de précédents communiqués de presse. Les preuves sont désormais si convaincantes que plus de 200 médecins, scientifiques et institutions de premier plan ont signé une lettre ouverte appelant à une utilisation accrue de la vitamine D dans la lutte contre la COVID-19 (VitaminD4all, 2020). Au Royaume-Uni, malgré le chaos du BREXIT, les gens ont réagi aux découvertes scientifiques, pas tout à fait nouvelles, et distribuent gratuitement de la vitamine D à tous les groupes à risque ; en Allemagne, une critique souvent peu constructive de la vitamine D persiste encore, qui ignore une grande partie des preuves (Busby, 2020).

Une récente étude quasi-expérimentale a inclus 66 résidents avec COVID-19 d’une maison de retraite française (Annweiler et al., 2020). Le groupe d’intervention a reçu une ampoule de vitamine D pendant la maladie COVID-19 ou au cours du mois précédent. La majorité des facteurs, tels que la gravité de la COVID-19 et l’utilisation de médicaments spécifiques de la COVID-19, étaient comparables dans les groupes d’intervention et de contrôle au départ. Le résultat a été significatif : 82,5% des participants du groupe d’intervention ont survécu à la COVID-19, contre seulement 44,4% dans le groupe de contrôle après un suivi médian de 36 jours.

Université de Heidelberg : le risque de mortalité est 14 fois plus élevé en cas de carence en vitamine D

Les études d’intervention randomisées actuellement disponibles sur la vitamine D et la COVID-19 montrent, d’une part, une réduction des admissions en soins intensifs et, d’autre part, un test PCR négatif plus rapide pour le SRAS-CoV-2 (Entrenas Castillo et al., 2020 ; Rastogi et al., 2020). Dans une étude déjà très citée de l’Université de Heidelberg, il a été démontré qu’une carence en vitamine D entraîne une progression plus grave de la maladie et un risque accru de décès (Radujkovic et al., 2020).

41 des 185 patients (22%) présentaient une carence en vitamine D lors de leur admission à l’hôpital (la valeur limite de la carence était très basse :  < 12 ng/ml). Le risque de mortalité était 14,73 fois plus élevé pour les patients atteints de carence que pour les patients sans carence en vitamine D. Le risque d’intubation et/ou de décès était 6,12 fois plus élevé pour les patients souffrant d’une carence en vitamine D. Les facteurs de confusion typiques tels que l’âge, le sexe et les conditions préalables ont été statistiquement pris en compte et exclus.

Une récente méta-analyse de 27 études d’observation confirme ces conclusions. La carence en vitamine D est plus fréquente chez les patients présentant une évolution grave de la maladie que chez ceux présentant une évolution légère. La carence en vitamine D a également augmenté de manière significative le risque d’hospitalisation et de mortalité associé à la COVID-19 (Pereira et al., 2020).


Références

  1. Académie nationale de Médecine (2020): Communiqué de l’Académie nationale de Médecine: Vitamine D et Covid-19. URL: http://www.academie-medecine.fr/communique-de-lacademie-nationale-de-medecine-vitamine-d-et-covid-19/ (21.10.2020)
  2. AGS Workgroup on Vitamin D Supplementation for Older Adults (2014): Recommendations abstracted from the American Geriatrics Society Consensus Statement on vitamin D for Prevention of Falls and Their Consequences. J Am Geriatr Soc; 62(1): 147-152. DOI: 10.1111/jgs.12631
  3. Annweiler, C, Hanotte, B, Grandin de l’Eprevier, C, Sabatier, J M, Lafaie, L, & Célarier, T (2020): Vitamin D and survival in COVID-19 patients: A quasi-experimental study. The Journal of steroid biochemistry and molecular biology, 204, 105771. https://doi.org/10.1016/j.jsbmb.2020.105771
  4. Busby M (2020): Covid: UK government requests guidance on vitamin D use. www.theguardian.com, 14.11.220 URL: https://www.theguardian.com/world/2020/nov/14/covid-uk-government-requests-guidance-on-vitamin-d-use (17.11.2020)
  5. Diekmann R (2010): Nutritional situation and functionality in nursing home residents –Results of a 12-month follow-up study. Dissertation Universität Bonn
  6. EFSA Panel on Dietetic Products, Nutrition and Allergies (NDA) (2012): Scientific Opinion on the Tolerable Upper Intake Level of vitamin D. EFSA Journal; 10(7): 2813.
  7. Entrenas Castillo, M, Entrenas Costa, L M, Vaquero Barrios, J M, Alcalá Díaz, J F, López Miranda, J, Bouillon, R, & Quesada Gomez, J M (2020). „Effect of calcifediol treatment and best available therapy versus best available therapy on intensive care unit admission and mortality among patients hospitalized for COVID-19: A pilot randomized clinical study“. The Journal of steroid biochemistry and molecular biology, 203, 105751. https://doi.org/10.1016/j.jsbmb.2020.105751
  8. Hasse M, Piatov F, Volkhausen L (2021): Deutschlands tödlichste Corona-Regionen. BILD Online. URL: https://www.bild.de/bild-plus/politik/inland/politik-inland/zahlen-der-schande-deutschlands-toedlichste-corona-regionen-74877466,view=conversionToLogin.bild.html?wtmc=ml.shr (14.01.2021)
  9. Martineau AR, Jolliffe DA, Hooper RL, Greenberg L, Aloia JF, Bergman P, Dubnov-Raz G, Esposito S, Ganmaa D, Ginde AA, Goodall EC, Grant CC, Griffiths C, Janssens W, Laaksi I, Manaseki-Holland S, Mauger D, Murdoch DR, Neale R, Rees JR, Simpson S Jr, Stelmach I, Kumar GT, Urashima M, Camargo CA Jr (2017): Vitamin D supplementation to prevent acute respiratory tract infections: systematic review and meta-analysis of individual participant data. BMJ; 356: i6583.
  10. Pereira M, Dantas Damascena A, Galvão Azevedo LM, de Almeida Oliveira T, da Mota Santana J (2020): Vitamin D deficiency aggravates COVID-19: systematic review and meta-analysis. Crit Rev Food Sci Nutr. 2020 Nov 4:1-9. DOI: 10.1080/10408398.2020.1841090. Epub ahead of print. PMID: 33146028.
  11. Rastogi A, Bhansali A, Khare N, et al. (2020): Short term, high-dose vitamin D supplementation for COVID-19 disease: a randomised, placebo-controlled, study (SHADE study). Postgraduate Medical Journal Published Online First: 12 November 2020. doi: 10.1136/postgradmedj-2020-139065
  12. Radujkovic, A., Hippchen, T., Tiwari-Heckler, S., Dreher, S., Boxberger, M., & Merle, U. (2020). Vitamin D Deficiency and Outcome of COVID-19 Patients. Nutrients12(9), 2757. https://doi.org/10.3390/nu12092757
  13. RKI (2019): Antworten des Robert Koch-Instituts auf häufig gestellte Fragen zu Vitamin D. URL: https://www.rki.de/SharedDocs/FAQ/Vitamin_D/Vitamin_D_FAQ-Liste.html (20.01.2021)
  14. Saeglitz  C (2007):  Mangelernährung  bei  geriatrischen  Patienten  im  Krankenhaus -Prävalenz,  mögliche Ursachen, übliche Therapie und prognostische Bedeutung. Dissertation Universität Bonn
  15. VitaminD4all (2020): Over 200 Scientists & Doctors Call For Increased Vitamin D Use To Combat COVID-19 URL: https://vitamind4all.org/letter.html (20.01.2021)
  16. Williams J, Williams C (2020): Responsibility for vitamin D supplementation of elderly care home residents in England: falling through the gap between medicine and food. BMJ Nutrition, Prevention & Health;3:doi: 10.1136/bmjnph-2020-000129
Docteur Ludwig Jacob
Docteur Ludwig Jacobhttps://drjacobs-shop.de/
Le docteur en médecine Ludwig Manfred Jacob (1971) a participé à la création du Dr. Jacobs Institut et est l’auteur de nombreux articles scientifiques au sujet de la santé comme de la 2e édition du livre allemand « Der Jacob’s Weg » paru en français sous le titre « La Nutrition Raisonnée selon le Dr Ludwig Jacob », formidable référence en nutrition, étayée par près de 1400 études scientifiques.

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