3x plus de démence !
Plus de 50 millions de personnes dans le monde sont atteints de démence et ce nombre devrait tripler d’ici 2025 (Gauthier et al., 2021). Face à cette évolution, le désir et la nécessité de développer un traitement médical efficace sont d’une importance capitale !
Ralentir la démence avec de la vitamine D ?
Afin de ralentir la progression de la maladie, des possibilités d’interventions basées sur des facteurs de risque modifiables sont à l’étude. La carence en vitamine D peut précisément être un tel facteur de risque modifiable avec un potentiel énorme étant donné sa prévalence mondiale, qui atteint jusqu’à 1 milliard de personnes touchées par sa carence (Cashman et al., 2016 ; Sizar et al., 2021).
Il a été démontré que la vitamine D participe à la dégradation des agrégats bêta-amyloïdes (Aß), qui sont une cause centrale de la maladie d’Alzheimer, et qu’elle a des effets neuroprotecteurs contre la phosphorylation excessive des protéines tau, une autre caractéristique de la maladie d’Alzheimer (Mizwicki et al., 2012 ; Lin et al., 2016). Une méta-analyse de plus de 10 études de cohorte réalisée par Shen a montré que de faibles taux de vitamine D sont associés à un risque accru de démence et de maladie d’Alzheimer.
Un taux de vitamine D inférieur à 50 nmol/l (20 ng/ml) entraînait un risque 21% plus élevé de développer la maladie d’Alzheimer par rapport à un taux de vitamine D supérieur à 50 nmol/l (20 ng/ml).
On peut supposer que ce chiffre aurait été encore plus élevé s’il avait été comparé à de bons niveaux de vitamine D de plus de 75 nmol/l (30 ng/ml), ce qui n’a toutefois pas été fait dans l’étude en raison du manque de données.
Une nouvelle étude indiquerait que la supplémentation en vitamine D pourrait également être un élément important, en tant que paramètre unique, dans la prévention de la maladie d’Alzheimer.
La grande étude de cohorte prospective récemment publiée, qui a porté sur plus de 12 000 participants, a montré que les personnes qui prenaient une supplémentation en vitamine D étaient en moyenne 40% moins susceptibles de développer une démence que celles qui ne prenaient pas de supplémentation en vitamine D.
« Les résultats de l’étude indiquent qu’il est avantageux de commencer la supplémentation tôt, c’est-à-dire avant l’apparition des premiers signes de déclin des capacités cognitives » a déclaré le chercheur principal de l’étude, Zahinoor Ismail du Hotchkiss Brain Institute de l’Université de Calgary.
-40% de démence grâce à la vitamine D !
L’étude a suivi pendant 10 ans les 12 388 participants adultes, âgés en moyenne de 71 ans et présentant au départ une fonction cognitive normale ou seulement légèrement réduite. Parmi eux, 37% prenaient une préparation à base de vitamine D. Parmi ces personnes supplémentées en vitamine D, il y avait plus de femmes et de personnes ayant un niveau d’éducation plus élevé. La dépression et les troubles cognitifs légers étaient plus fréquents dans le groupe qui ne prenait pas de vitamine D. Au cours des 10 années, environ 22% des participants ont développé une démence – 75% d’entre eux n’avaient pas pris de supplément de vitamine D. 84% des participants du groupe vitamine D n’ont pas connu de démence sur une période de 5 ans, contre 68% dans le groupe qui n’a pas pris de supplément de vitamine D.
Après ajustement statistique des données en fonction de l’âge, du sexe, de l’éducation, de l’ethnie, de la cognition, de la dépression et du statut APOE4, la prise de vitamine D était associée à une réduction de 40% du risque de démence par rapport à l’absence de supplémentation en vitamine D. Ce sont les femmes ayant une fonction cognitive normale qui ont le plus bénéficié de cet effet.
L’effet préventif de la supplémentation était indépendant de la forme de présentation de la vitamine D (vitamine D calcique, cholécalciférol, ergocalciférol).
Cette étude prometteuse présente toutefois quelques limites, comme l’ont fait remarquer les chercheurs eux-mêmes : par exemple, aucune donnée n’était disponible sur la durée de la prise de vitamine D ou sur les taux initiaux de la vitamine. De même, le rôle des taux initiaux n’a pas encore été suffisamment étudié en ce qui concerne la prévention des troubles cognitifs. Ces paramètres devraient être examinés de plus près dans de futures études cliniques.
Selon Byron Creese, co-auteur de l’étude, la prévention et le retardement de la progression de la maladie sont déjà très importants au vu du nombre croissant de personnes touchées.
Vitamine D pour réduire la démence, mais pas que !
Une carence en vitamine D devrait être compensée non seulement pour réduire le risque de démence, mais aussi pour réduire le risque de cancer et améliorer le statut des muscles et des os. Une carence favorise la faiblesse musculaire et les chutes chez les personnes âgées.
Les vitamines D, E, K, A pour la résistance et la santé par le Dr. L.M. Jacob
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Littérature :
Cashman KD, Dowling KG, Skrabakova Z, et al. (2016) : La carence en vitamine D en Europe : une pandémie ? Am J Clin Nutr.103(4):1033-1044.
Gauthier S, Rosa-Neto P, Morais JA,Webster C. (2021) : Rapport mondial sur la maladie d’Alzheimer 2021 : Journey Through the Diagnosis of Dementia (Voyage à travers le diagnostic de la démence). Alzheimer’s Disease International.
Ghahremani M, Smith EE, Chen H-Y, Creese B, Goodarzi Z, Ismai Z (2023) : Supplémentation en vitamine D et démence incidente : Effects of sex, APOE, and baseline cognitive status. Alz Dement Diagn Assess Dis Monit. Veröffentlicht online, 1. März.
Mizwicki MT, MenegazD, Zhang J, et al (2012) : La signalisation génomique et nongénomique induite par la 1alpha,25(OH)2-vitamine D3 favorise la récupération de la phagocytose de la bêta-amyloïde par les macrophages de la maladie d’Alzheimer. J Alzheimers Dis.29(1):51-62.
Lin CI, Chang YC, Kao NJ, Lee WJ, Cross TW, Lin SH. (2020) : 1,25(OH)2D3 alleviates Abeta(25-35)-induced tau hyperphosphorylation, excessive reactive oxygen species, and apoptosis through interplay with glial cell line-derived neurotrophic factor signaling in SH-SY5Y cells. Int J Mol Sci.21(12):4215.
Shen L, Ji HF. 820159. Vitamin D deficiency is associated with increased risk of Alzheimer’s disease and dementia : evidence from meta-analysis. Nutr J.14:76.
Sizar O, Khare S, Goyal A, Bansal P, Givler A. (2021) : Vitamin D Deficiency. StatPearls.
