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SIBO : une « nouvelle » pathologie liée aux multiples symptômes invalidants du Covid-19 et du Covid long ou induits par les vaccins

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Auteur(s) : Estelle Fougères, pour FranceSoir – Publié le 10 janvier 2023 – 20:00

Jean-Marc Sabatier, directeur de recherche au CNRS, docteur en biologie cellulaire et microbiologie
Jean-Marc Sabatier, directeur de recherche au CNRS et docteur en biologie cellulaire et microbiologie à Marseille
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ENTRETIEN – Le Small Intestinal Bacterial Overgrowth (SIBO), soit la pullulation bactérienne de l’intestin grêle, est l’une des très nombreuses pathologies du Covid-19. Elle est liée au dysfonctionnement du système rénine-angiotensine qui peut être induit par une infection au virus Sars-CoV-2 ou apparaître suite à la vaccination anti-Covid-19. Jean-Marc Sabatier, directeur de recherche au CNRS et docteur en biologie cellulaire et microbiologie à Marseille, revient pour FranceSoir sur les aspects physiopathologiques du SIBO pour en expliquer les mécanismes biologiques. Nous précisons que Jean-Marc Sabatier s’exprime ici en son nom. 

Estelle Fougères –  Dans votre première étude scientifique sur le Sars-CoV-2 publiée en avril 2020 et intitulée SARS-CoV-2 & Covid-19 : key-roles of the renin-angiotensin system / Vitamin D impacting drug and vaccine developments, vous et vos collègues décrivez le mode d’action complet du Sars-CoV-2 sur le système rénine-angiotensine (SRA), ce système complexe et ubiquitaire que l’on retrouve dans les divers organes et tissus du corps humain. Vous avez compris que le véritable responsable des manifestations du Covid-19 est précisément un SRA dysfonctionnel, et non directement le virus. Cela vous a permis d’anticiper certaines pathologies comme les coagulopathies et thromboses (qui sont normalement « opposées » car l’une correspond à une déficience de la coagulation, contrairement à la seconde qui correspond à une hyper-coagulation), l’athérosclérose, les atteintes aux organes reproducteurs, les dermatites, les atteintes du métabolisme lipidique, les troubles oculaires (rétinopathie, glaucome), les troubles neurologiques, le diabète de type 2 (intolérance au glucose), et d’autres maladies auto-immunes ainsi que les cancers. Depuis, vous avez continué les recherches et découvert d’autres pathologies du Covid-19. Quelles sont-elles ?                             

Jean-Marc Sabatier – Le SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth ou pullulation bactérienne de l’intestin grêle) est une pathologie de la Covid-19. Le SIBO serait lié au dysfonctionnement du système rénine-angiotensine (SRA) qui peut être induit par une infection au virus SARS-CoV-2, ou par la protéine Spike vaccinale (protéine Spike issue des vaccins anti-Covid-19).

Pour rappel, le SRA est un système physiologique et hormonal ubiquitaire dans l’organisme humain. Il pilote les fonctions autonomes rénales, pulmonaires et cardio-vasculaires, ainsi que l’immunité innée et les divers microbiotes (flores microbiennes), dont le microbiote intestinal. Le dysfonctionnement du SRA est responsable des maladies Covid-19.

Le microbiote intestinal est constitué d’environ 10 000 milliards de micro-organismes (bactéries, champignons et levures) vivant en communautés spécifiques délimitées le long des parois des intestins, et agit normalement en parfaite symbiose avec notre organisme. On y a recensé environ 160 espèces bactériennes. Ce microbiote joue un rôle central dans la digestion, le métabolisme cellulaire et l’immunité (le microbiote intestinal participe activement au bon fonctionnement de notre système immunitaire).

Le SIBO (dont l’origine est à ce jour mystérieuse) est, selon moi, une dysbiose intestinale induite par le dysfonctionnement du SRA. La dysbiose, qui est un déséquilibre du microbiote intestinal, se traduit par une perturbation de la flore intestinale qui peut conduire à une diminution du nombre de « bonnes » bactéries ou d’une hausse des « mauvaises » bactéries ou les deux.

On retrouve ainsi dans le SIBO et le SRA dysfonctionnel des troubles associés communs, tels que le syndrome de l’intestin irritable (trouble du tube digestif se traduisant par des douleurs abdominales, diarrhées ou constipation, et ballonnements), la fibromyalgie (syndrome associé à des douleurs chroniques articulaires et musculaires diffuses, une fatigue intense, et des troubles du sommeil), l’encéphalomyélite myalgique (syndrome de fatigue chronique), la gastroparésie (atteinte de la fonction digestive se traduisant par le ralentissement de la vidange de l’estomac via le nerf vague qui ne régule pas correctement l’activité musculaire gastrique), la neuropathie diabétique (périphérique ou autonome, due à une hyperglycémie qui endommage ou perturbe le fonctionnement des nerfs assurant la liaison entre le cerveau, la moelle épinière et les divers organes : on y retrouve l’hypotension orthostatique à l’origine de malaises et de chutes, le syndrome de tachycardie posturale (ou POTS qui est une augmentation transitoire du rythme cardiaque lors d’un changement de position, s’accompagnant d’une fatigue intense et persistante ainsi que d’une intolérance à l’effort physique), des troubles de la fonction urinaire et de l’érection, une insensibilité à la douleur ou au contact ou à la chaleur, des douleurs « électriques » sans cause apparente, une sensation de « cuisson », une tachycardie, une atteinte fréquente des membres inférieurs et des difficultés de mouvements…), la déficience immunitaire, la maldigestion et/ou malabsorption, et autres pathologies. Il s’agit de troubles fréquemment observés chez les personnes souffrant de Covid-19 sévère, et/ou de séquelles post-Covid-19 dit covid long, incluant les covids longs post vaccinaux.

Estelle Fougères – Quels sont les mécanismes biologiques d’un déséquilibre du microbiote intestinal ?

Jean-Marc Sabatier – L’intestin est constitué de l’intestin grêle et du côlon (gros intestin). En conditions normales, il existe des bactéries (Gram+) aérobies en faible nombre dans l’intestin grêle et de très nombreuses bactéries (Gram-) anaérobies dans le côlon d’un individu. L’intestin grêle, constitué du duodénum, du jéjunum et de l’iléon, est localisé entre l’estomac et le côlon. Les bactéries aérobies de l’intestin grêle sont bénéfiques, car elles participent à la digestion des aliments et à l’absorption des nutriments (elles permettent aussi la production des vitamines K, B8, B9 et B12, ainsi que des acides gras à chaînes courtes, tout en régulant l’absorption du calcium, du magnésium et des acides gras). Ces bactéries favorisent la mobilité – dans le tractus intestinal – des aliments ingérés. L’équilibre bactérien dans l’intestin grêle est maintenu grâce à la valvule iléo-colique (qui s’oppose au reflux du gros intestin vers l’iléon empêchant une migration rétrograde des bactéries), aux acides gastriques (tuant les micro-organismes, dont les bactéries pathogènes) produits par les cellules de l’estomac, et la présence d’immunoglobulines A du tractus intestinal.

Le SIBO résulte de la migration des bactéries du côlon vers l’intestin grêle ou elles vont se multiplier de façon excessive (d’où une pullulation des bactéries du côlon dans l’intestin grêle). Tandis que l’intestin grêle a pour fonction une absorption des aliments, le côlon a pour fonction la fermentation ultérieure des résidus ou déchets alimentaires non digestibles produits. Ainsi, lors du SIBO, une fermentation précoce et anormale des aliments est initiée directement dans l’intestin grêle par les bactéries anaérobies du côlon, provoquant des troubles digestifs plus ou moins sévères, associés à diverses pathologies potentiellement très invalidantes.

Lors du SIBO, le dérèglement du microbiote intestinal est induit par le dysfonctionnement du SRA (via la suractivation de son récepteur « délétère » AT1R) qui pilote les divers microbiotes. Les répercussions sur l’organisme de la personne souffrant de SIBO peuvent être multiples, avec : (1) des atteintes aux métabolismes des protéines, lipides, fibres et glucides de l’hôte (liées à la dégradation et/ou assimilation anormales des aliments/nutriments), (2) des déficiences ou carences en vitamines (e.g. vitamines B/folates et K) et minéraux (e.g. calcium, magnésium) essentiels, et autres composés (via l’action d’enzymes spécifiques de bactéries/micro-organismes), (3) une modification des caractéristiques de la muqueuse intestinale (i.e. entérocytes, mucus de protection, vascularisation, péristaltisme/motricité digestive) affectant l’effet barrière contre les agents pathogènes, (4) une atteinte fonctionnelle du système immunitaire (les animaux anéxiques –  dépourvus de microbiote intestinal – ont une immunité fortement altérée qui peut être rétablie expérimentalement après l’inoculation d’un microbiote normal), (5) une diminution de la protection contre les micro-organismes pathogènes (les bactéries intestinales sont capables de secréter des molécules aux propriétés anti-microbiennes dirigées contre d’autres micro-organismes). Parallèlement, il a été démontré qu’un déséquilibre du microbiote intestinal pouvait être associé à la perte ou la prise de poids, ainsi qu’à des maladies inflammatoires chroniques intestinales, un syndrome du côlon irritable (ou colopathie fonctionnelle), des allergies, des cancers, des diabètes (de types 1 et 2), et des troubles neurologiques (les fibres nerveuses de notre système nerveux entérique relient la paroi intestinale au système nerveux central, d’où l’appellation de « deuxième cerveau » donnée à l’intestin).

Pour les atteintes neurologiques, les dysbioses intestinales sont observées chez les patients souffrant de dépression ou d’anxiété, de maladie neuro-dégénérative d’Alzheimer ou de Parkinson, de schizophrénie, et autres troubles autistiques ou bipolaires. L’ensemble de ces pathologies est associé au dysfonctionnement du SRA (et à la suractivation du récepteur AT1R).

Ainsi, le SIBO – une pathologie Covid-19 non décrite à ce jour – inclus de nombreux symptômes et maladies de la Covid-19 et du covid long plus ou moins sévères et invalidants (ces troubles dépendent aussi d’un dérèglement du SRA). Il est notable que les facteurs responsables du SIBO peuvent être liés à des problèmes anatomiques (diverticulose de l’intestin grêle, sténose/rétrécissement intestinal, etc.) ou fonctionnels (troubles de la motilité intestinale, hypochlorhydrie). Ils incluent – parallèlement aux pathologies déjà citées – dépression, asthme, fatigue, douleurs articulaires ou abdominales, dermatites (éruption cutanée, eczéma, acné, rosacée), malnutrition, vomissement, reflux gastro-œsophagien, nausée, ballonnement/flatulence, diarrhée ou constipation. Le SIBO pourrait être soulagé ou traité par les inhibiteurs du SRA (tels que la vitamine D, la mélatonine, les sartans, la quercétine, la thymoquinone, et autres), ainsi que des traitements antibiotiques oraux à large spectre (e.g. Ciprofloxacine, Amoxicilline/acide clavulanique ou Augmentin, Rifaximine, Métronidazole). Il est possible de faire un diagnostic de SIBO avec un test respiratoire basé sur du glucose, avec une mesure du relargage d’hydrogène (et de méthane) issu de la fermentation du glucose par des bactéries. Un test de confirmation peut être réalisé par un prélèvement de liquide intestinal. Un régime alimentaire limitant les glucides fermentables (peu digérés par l’intestin grêle) est alors recommandé.

Estelle Fougères – Au début des années 2000, on a parlé du système digestif comme étant le deuxième cerveau. On sait aujourd’hui que ce système est riche en transmissions neuronales et qu’il produit, par exemple, la sérotonine qui joue un rôle dans la régulation de l’humeur. En effet, les découvertes de ces dernières années ont révélé que la flore intestinale ne s’occupe pas seulement de la digestion et qu’elle a un rôle déterminant sur la santé mentale. Les médecins sont aujourd’hui très spécialisés. Or, il semble que ce que vous avez décrit plus haut demanderait parfois une collaboration entre des scientifiques ou médecins issus de diverses disciplines et spécialités afin de soigner certains troubles, notamment psychiques. Par exemple, lorsqu’une personne présente un syndrome dépressif, ne devrait-il pas y avoir une collaboration entre un neurologue ou un psychiatre et un gastroentérologue ?

Jean-Marc Sabatier – En effet, l’organisme humain fonctionne grâce à des organes et tissus interagissants entre eux, d’une manière ou d’une autre. Le cerveau et l’intestin « communiquent » de façon très étroite et permanente. La connexion entre le système nerveux central et le tube digestif est dite « bidirectionnelle », notamment via les voies parasympathiques et sympathiques du système nerveux autonome. Tandis que les nerfs parasympathiques agissent en favorisant la mobilité et l’activité sécrétoire de l’intestin, les nerfs sympathiques s’y opposent, ralentissant ou bloquant ainsi la motilité et l’activité sécrétoire. Un équilibre entre ces systèmes nerveux permet le bon fonctionnement du corps humain.

Une interaction entre spécialistes de différentes disciplines scientifiques ou médicales est souhaitable pour le bien du patient. Le SARS-CoV-2, la Covid-19 et le SRA ne sont-ils pas à l’interface de diverses disciplines telles que la virologie, l’immunologie, la pharmacologie, l’endocrinologie et la physiologie ?

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